LES SECOURS DE FRANCAIS

Les Fleurs du mal, À une passante

Le texte

La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?

Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !

L'auteur et son époque

Le vocabulaire

  1. fastueuse : prête pour une grande cérémonie, une fête
  2. feston : bordure arrondie d'un vêtement
  3. livide : très pâle, blanc

Les figures de style

La rue est personnifiée : Elle est "assourdissante" et elle "hurl(e)". L'ellipse "douleur majestueuse" et l'énumération "Longue, mince,..."agile et "noble", "jambe de statue" fait de ce portrait une véritable peinture comme de petits touches de pinceau sur une toile.

Le poème utilise des figures de style telles que l'épithète (fugitive beauté), l'antithèse (fugitive/éternité) et le parallélisme de construction (Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais) constitué par la répétition de la structure "Ô toi + proposition subordonnée relative" dans chaque vers. Cette figure de style crée une certaine musicalité et une mélancolie dans le poème, qui évoque la perte d'une occasion que l'on n'a pas saisie d'aimer quelqu'un. Ce dernier vers contient aussi une anaphore, c'est-à-dire une répétition de mots au début d'un groupe de mots. L'anaphore est constituée des mots "Ô toi" qui ouvrent chaque moitié de vers.

"Un éclair... puis la nuit" montre la fugacité et la fragilité de cet instant, qui va pourtant laisser une trace indélébile dans l'esprit du narrateur.

La mention du "ciel livide" et de "l'ouragan" peut être une figure de style pour suggérer la puissance et la force de l'attraction qu'exerce cette femme sur le narrateur, comme si elle était capable de déclencher une tempête émotionnelle en lui, un coup de foudre. Le "ciel livide" peut également être une métaphore pour décrire le regard intense et perçant de la femme, qui semble capable de pénétrer l'âme du narrateur. On peut aussi le voir aussi comme un point noir (la pupille) au milieu d'un oeil blanc (le ciel).

Si l'oeil de la passante est décrit comme "ciel livide" et "où germe l'ouragan", cela suggère une tempête, une force destructrice, qui se cache derrière cette apparence de douceur et de fascination. Cela peut être lié au fait que la passante a un pouvoir sur le narrateur, qui est ému par son regard et qui est également conscient du danger qu'il y a à être attiré par elle. Cela peut être lu comme une métaphore de la séduction et de l'attraction qu'exercent certains êtres sur nous, et des conséquences que cela peut avoir.

Les idées : explication linéaire

Dans ce poème, le narrateur semble être un homme qui se trouve dans la rue et qui aperçoit une femme passer devant lui. Il la regarde avec fascination et la trouve belle et gracieuse. Il boit dans son regard comme s'il s'agissait d'un élément physique qu'il pouvait consommer. Cependant, elle passe rapidement et il ne la revoit plus, ce qui le laisse dans un état de tristesse et de regret. Il se demande s'il la reverra un jour, et se rend compte qu'il ne sait pas où elle va et qu'elle ne sait pas où il va.

Il semble être sous le charme de la passante et il est fasciné par son regard. Il est "crispé" et semble être envoûté par elle. Il ressent de la douleur et de la tristesse à l'idée de ne certainement plus la revoir.

Le narrateur du poème "A une passante" de Baudelaire semble être dans un état de fascination et d'émerveillement. Il est subjugué par la beauté et l'agilité de la femme qui passe près de lui dans la rue et il décrit sa beauté de manière presque poétique, en utilisant des expressions comme "oeil, ciel livide où germe l'ouragan" et "la douceur qui fascine et le plaisir qui tue".

On ne sait pas vraiment ce que le narrateur fait à cet endroit, ni pourquoi il ne fait rien pour la rencontrer vraiment. On peut imaginer qu'il se trouve dans un lieu public et qu'il est fasciné par la passante qui passe devant lui, mais qu'il n'ose pas l'aborder ou qu'il n'a pas l'occasion de le faire. La fin du poème, avec les vers "Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !" suggère que le narrateur regrette de ne pas avoir agi et qu'il pense que la femme était peut-être au courant de son intérêt pour elle.

Dans ce poème, le narrateur est donc fasciné par cette femme qui passe, pris au dépourvu par sa beauté et son charme. C'est pourquoi il la décrit de manière élogieuse et envoûtée. Le fait qu'il la compare à une statue et à un ciel livide et menaçant peut être vu comme une expression de sa fascination pour elle, mais aussi de sa conscience de la distance et de l'inaccessibilité de cette femme. Le narrateur ne fait rien pour la rencontrer vraiment car elle passe rapidement, et il se retrouve seul à nouveau, avec le regret de ne pas avoir saisi l'occasion de la connaître davantage. Le poème se termine sur une note mélancolique, avec l'idée que cette rencontre était une opportunité manquée.

Le narrateur utilise le tutoiement à la fin du poème, comme s'il s'adressait directement à la femme passante, bien qu'il ne l'ait jamais réellement rencontrée. Cela montre l'intimité et la proximité qu'il a ressenties avec elle, même si cette rencontre était éphémère et qu'il sait qu'il ne la reverra probablement jamais. Cette dernière strophe est remplie de regret et de mélancolie, et le tutoiement reflète cette émotion. il s'agit d'une familiarité illusoire, puisque le narrateur n'a fait que croiser la femme et ne la connaît pas réellement. La tutoiement est ici utilisé pour exprimer la proximité et l'intimité imaginaires qu'il ressent pour elle. Le narrateur se montre également très expressif dans ses sentiments et sa manière de s'adresser à la femme, ce qui peut être vu comme une manifestation d'une passion extravagante, folle.

En résumé

"A une passante" est un poème de Charles Baudelaire, dans lequel le narrateur, fasciné par la beauté et l'élégance d'une femme qu'il aperçoit dans la rue, lui adresse une déclaration d'amour.

Le poème met en avant la brièveté de l'instant et l'impossibilité de saisir l'objet de son désir, qui disparaît aussi vite qu'elle est apparue.

Le narrateur exprime son regret de ne pouvoir la suivre et de ne pas savoir où elle va, ni s'ils se reverront un jour.

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