POE 01 - Versification générale : la métrique

Objectif :

Apprendre le vocabulaire de base de la versification et l'utiliser pour la lecture méthodique ou le commentaire d'une poésie.

A) La Métrique

Le vers contient un nombre de syllabes que l'on appelle le mètre. Les mètres les plus courants sont : l'alexandrin (12 syllabes), le décasyllabe (10 syllabes), l'octosyllabe (8 syllabes) et l'heptasyllabe (7 syllabes).
Le décompte des pieds (les puristes préfèrent maintenant le mot syllabes) est réalisé en tenant compte de certaines règles, et en particulier de la "règle du e muet".
Au début (Moyen-âge), les mètres les plus courants étaient l'octosyllabe ou le décasyllabe qui furent détrônés par l'alexandrin au moment où apparut le sonnet.
La règle du e muet : Le e muet ne se compte pas en fin de vers. Il se compte à l'intérieur des vers, sauf lorsqu'il précède une voyelle.
La diérèse et la synérèse : Quand il y a deux voyelles dans une même syllabe (cela s'appelle une diphtongue), elles peuvent être dissociées pour allonger ce vers et pour arriver au décompte de syllabes nécessaire. Cet allongement se nomme une diérèse.
Ex : "si mys(1)-té(2)-ri(3)-eux(4)" dans l'Invitation au voyage de Baudelaire. Encore plus rare : il y a deux diérèses dans cet extrait du même auteur.
Ex : "Va te purifi-er dans l'air supéri-eur". Ce vers est bien un alexandrin !
La synérèse : L'inverse de la diérèse existe aussi. Quand un vers est trop long, il peut être raccourci grâce à la lecture en un seul bloc de deux syllabes normalement distinctes. Cette prononciation condensée se nomme synérèse.
Ex : "(...) Sinon alors que sa vie est atteinte D'un trait meurtrier empourpré de son sang (...)" Ronsard, Les Amours, "Comme un chevreuil..." Comme le prouve le vers précédent, ce sont des décasyllabes, avec une coupe après le quatrième pied. Comment prononcer une synérèse ? Je n'y arrive pas, personnellement...

B)Les strophes

Ce sont des groupes de vers séparés les uns des autres par un espace. En fonction du nombre de vers qu'elles contiennent, les strophes ont un nom : distique : 2 vers - tercet : 3 vers - quatrain : 4 vers - quintil : 5 vers - sizain : 6 vers - septain : 7 vers. Il y a parfois un refrain, comme dans l'Invitation au voyage, de Baudelaire.

C) Les rimes

La rime est la répétition de sons communs pour la finale de deux vers au moins. On observera :

- Le GENRE de la rime : masculine et féminine. Le e muet en fin de vers correspond à une rime féminine. Toutes les autres rimes sont masculines. Il y a en général alternance de rimes masculines et de rimes féminines dans la poésie classique, depuis Ronsard.
Ex :"Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe, Féminine
"Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur", Masculine

- La RICHESSE de la rime : pauvre, suffisante ou riche. Le nombre de sons communs à deux rimes définit la richesse de la rime.
la rime est pauvre : un seul son (ou phonème) est identique : deux - cheveux
la rime suffisante : deux sons sont répétés : chaudes - émeraudes
la rimes est riche : trois sons ou plus sont repris : ensemble - ressemble
NB : On ne compte pas les lettres mais les sons (phonétique) !

- La DISPOSITION des rimes :
il existe trois schémas :
les rimes plates : aabb (se suivent d'un vers sur l'autre)
les rimes croisées : abab (les rimes a et b sont alternées)
les rimes embrassées : abba (les rimes a prennent "dans leurs bras" les rimes b)

D) Les accents

Accentuer un vers consiste à le lire en prononçant de façon plus tonique(forte, sans exagérer) certaines syllabes. L'accent se place sur la dernière voyelle d'un groupe de mots (si cette voyelle est muette, l'accent monte sur la voyelle précédente). Une bonne question est "Qu'est-ce qu'un groupe de mots ?" Je réponds, personnellement, que c'est le plus petit ensemble de mots que l'on puisse détacher des autres sans perdre le sens général de la phrase.
Ex : " Le feu clair + Qui remplit + Les espaces + Limpides "
Ici, il y a quatre groupes de mots (ou groupes logiques), accentués chacun sur la dernière voyelle ou sur l'avant-dernière, ce qui donne comme rythme de lecture : 1,2,3,1,2,3,1,2,3,1,2,3.
Un vers binaire sera coupé en deux, par une césure centrale, alors qu'un vers ternaire n'aura pas une coupe au milieu, mais deux coupes : ce type de vers, plutôt rare, se nomme un trimètre. Il y a deux exemples de trimètres dans le célèbre poème de Victor Hugo "Demain, dès l'aube..."

Exemples

Les e mis en caractère gras doivent être prononcés. Il y a, de plus, une diérèse au dernier vers : Quel est le nombre de pieds ?

Une froideur secrètement brûlante
Brûle mon corps, mon esprit, ma raison,
Comme la poix anime le tison
Par une ardeur lentement violente.

Joachim du Bellay, L'Olive, 1550

Décompte des pieds - (Césure - Diérèses )

Envole-toi bien loin | de ces miasmes morbides
Va te purifier | dans l'air supérieur,
Et bois, | comme une pure | et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit | les espaces limpides.

Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1857

Exercices

Etude du rythme (vers binaires et ternaires) : Repérez les trimètres dans le poème "Demain, dès l'aube" de Victor Hugo.

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