Ce sont des vers impairs de sept syllabes, et le rythme est celui d’une chanson. Il faut donc scander, sans le faire trop lourdement, chacun des pieds. Attention aux trois diérèses « é-tu-di-é » (v.2) « é-tu-di-er » (v.9) , « vi-an-de » (v.24) et aux e muets « Victime de l’Orque noir / de l’Orque qui… »(v.14 et 15) , « Ores que je suis dispos » (v.33)
N.B : le texte est long ; il est donc possible de n’en lire qu’une partie, par ex. les strophes 1, 2 puis 5.
Ce plan suit aussi la progression des champs lexicaux.
Ce texte présente donc une structure argumentative. On passe de la présentation d’une situation peu enviable, celle de l’éternel étudiant, à une description complaisante des plaisirs auxquels celui-ci aspire. Et la conclusion s’impose alors comme un choix simple.
Il faut remarquer les connotations de quelques mots étranges dans ce poème:
Ronsard ne se contente pas de faire « couleur locale » par le choix d’un vocabulaire tiré de sa connaissance de l’Antiquité. Il situe aussi son personnage hors du temps présent, dans un contexte idéal, celui de la douce vie d’un jeune galant.
Dans les strophes 1, 2 et 5 on retrouve le champ lexical
- des études associées à l’ennui : « esprit tout ennuyé » (v.1), « trop étudié »(v.2), « collés sur un livre »(v.7), « l’étudier »(v.10) (N.B : le verbe est ici nominalisé de façon à en faire une notion générale :le fait d’étudier), « ennuyer »(v.10), « soin dessus soin » (v.11)
- de la maladie et de la mort : « Victime »(v.14), «l’Orque noir »(v.14), « la maladie »(v.35), « me happant » (v.37), « Meurs »(v.38).
- du temps qui passe, champ présent du début à la fin : « trop »(v.2), « il est temps que »(v.4), « jamais souci » (v.8) ,« peut-être / Ou ce matin ou ce soir »(v.12 et 13), « l’été »(v.24), « en été »(v.28), « Ores que » (=Pendant que)(v.33) , « sans repos » (= sans cesse, tout le temps)(v.34) , « un de ces jours »(v.36), « à l’impourvu »(v.37), « trop vécu »(v.38)
- de la nature et les plaisirs , abondamment représenté : « je m’ébatte »(v.4), « aux champs »(v.5), « jouer » (v.5), « le bon vin »(v.18), « rafraîchir la bouteille »(v.19), « fleurs »(v.21), « me coucher »(v.22), « friande » (v.23), « abricots »(v.25), « des fraises et de la crème »(v.26), « j’aime »(28), « ruisseau »(v.29), « je les mange »(v.30), « étendu »(v.31), « l’eau »(v.30), « rivage »(v.31), « antre sauvage »(v.31), « rire sans repos »(v.34).
N.B : On pourrait ici séparer les verbes des noms.
On remarque la passivité du jouisseur étendu dans la nature, presque contemplatif, qui regarde et écoute couler l’eau, et rit béatement… Ce paysage idyllique, pendant la belle saison, montre le goût de Ronsard pour la campagne, ainsi que l’influence de la littérature antique sur sa poésie. D’autre part, il manque peut-être une présence féminine dans le poème : la sensualité est ici limitée aux plaisirs de la table, ce qui permet de ne pas provoquer chez le lecteur ou l’auditeur de réserve morale: le jouisseur ici n’est pas un débauché, mais un homme sain, proche de la nature, qui préfère les fruits à la viande... (note du rédacteur : cette dernière remarque est très… subjective ! )
On passe de l’indicatif des deux premières strophes (constat d’un besoin) à l’impératif des strophes 3 et 4 (action, vivacité, mouvement) et on revient aux généralités en fin de poème avec un subjonctif en subordonnée circonstancielle de crainte, décrivant une fin redoutée « De peur que la maladie […] ne me die »(=ne me dise).
Le futur d’hypothèse (=conditionnel) « qui voudrait louer ceux…» et le futur simple « nous qui serons peut-être… » présentent des hypothèses plus ou moins probables
Quelques figures de style :
Antithèse : « Ou ce matin ou ce soir », marque la proximité de la fin, l’urgence.
Allégorie : « l’Orque noir ». La mort est un maître cruel et exigeant, qui n’attend pas le bon vouloir de sa victime.
Accumulation : Tout le passage « des abricots […] et de la crème » montre que le plaisir se vit dans le luxe, l’abondance, et non dans la restriction ou la tempérance. Le XVIe siècle est encore une période où les famines sont courantes et meurtrières. Le héros de ce texte n’a pas ces problèmes.
Allégorie : « la maladie […] ne me die ». Comme la mort, la maladie s’adresse de façon soudaine (« me happant à l’impourvu ») à sa victime et la condamne.
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