ZOLA et le naturalisme

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Après une période de ferveur romantique, le jeune Zola découvre les ressources que la science peut fournir au romancier. En concevant son oeuvre monumentale « Les Rougon-Macquart » et surtout avec « L’Assommoir »(1877), peinture du monde ouvrier, Zola triomphe et devient le chef de file de l’école naturaliste.
Quelques jeunes écrivains dont les frères Goncourt et Maupassant se réunissent régulièrement à Médan autour de Zola pour créer un recueil collectif de nouvelles « Les soirées de Médan » où sont illustrées les idées du groupe. Zola se lance dans une campagne ardente pour le roman naturaliste , mais avec la publication du roman « La terre », peinture du monde paysan, certains de ses disciples se détournent de lui, jugeant qu’il est allé trop loin dans l’application ses théories.

Le naturalisme est principalement issu du réalisme tel que le voyait FLAUBERT: le romancier était selon lui un observateur méthodique qui décrit le réel sans l’idéaliser ou en donner une image épurée Zola, marqué par le scientisme ( pensée qui consiste à affirmer que la science nous fait connaître la totalité des choses et que cette connaissance suffit à satisfaire toutes les aspirations humaines) de son époque, va dépasser ces notions d’objectivité, de science ou de documentation: il admire des scientifiques comme Darwin, Claude Bernard et le philosophe Taine et va s’inspirer de leurs écrits. Dans « Le Roman expérimental » , texte théorique sur sa méthode, Zola écrit:
La Science entre donc dans notre domaine, à nous romanciers, qui sommes à cette heure des analystes de l’homme dans son action individuelle et sociale. Nous continuons par nos observations et nos expériences, la besogne du physiologiste(..). En un mot, nous devons opérer sur les caractères, sur les passions, sur les faits humains, comme le chimiste ou le physicien opèrent sur les corps bruts, comme le physiologiste opère sur les corps vivants.

Les grandes influences sur Zola sont les suivantes:

Hippolyte Taine pense que l’homme est soumis au déterminisme universel. L’homme est la proie de sa condition physiologique et de son milieu. Les sentiments et les caractères sont prédestinés par des lois analogues à celles de la biologie ou de la physiologie.
Claude Bernard et son livre « Introduction à la médecine expérimentale » En s’inspirant de cette méthode scientifique Zola est persuadé que le roman devient une annexe de l’histoire naturelle et de la médecine et avancera par la même méthode : l’observation, la formulation d’hypothèses , l’expérimentation et finalement la formulation de lois.
Le docteur Lucas et ses travaux sur l’hérédité.
Les « Rougon-Macquart » prétendent être l’ étude d’une tare héréditaire ( la névrose de tante Dide) à travers cinq générations et Zola pense mettre ainsi en évidence « les lois » qui commandent le réel.
Charles Darwin et ses travaux sur la sélection naturelle.
Fatalement les plus faibles sont éliminés et les plus forts survivent, effet de la lutte pour la vie.
Le roman devient pour ainsi dire le terrain d’une expérience scientifiquement conduite car Zola qui prétend à la lucidité clinique du médecin en y joignant les préoccupations sociales de l’enquêteur.
Il découle de ceci que la psychologie des personnages n’intéresse que très peu Zola . Malgré cet échafaudage scientifique rigide, les romans de Zola restent vivants et l’imagination de l’auteur a pu s’épanouir pleinement malgré l’étroitesse du système.

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