Les figures de style

Exemples et exercices

Ces exercices sont à faire au C.D.I, avec un dictionnaire de langue et un dictionnaire étymologique, par exemple...

l'accumulation

l'allégorie

l'anaphore

l'antiphrase

l'antithèse

l'apostrophe

le chiasme

la comparaison

l'ellipse

l'euphémisme la gradation l'hypallage

l'hyperbole

la litote

la métaphore

la métonymie

la synecdoque

l'oxymore

la périphrase

la personnification

le paradoxe

Autres : l'asyndète

 

 

 

 

 

 

L’Allégorie

I - Définition

a) Chercher l’origine grecque du mot "allégorie". Quelle en est la signification ?
b) Chercher et recopier la définition du mot : dans un dictionnaire de langue, puis dans un manuel de français.

II - Exercices

a) Lire le poème de Baudelaire :

L’Albatros

Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.

Baudelaire Les Fleurs du Mal

b) - Quelle est l’interprétation littérale du texte ?
- Quelle en est l’interprétation intellectuelle ?
- En quoi peut-on affirmer que le poème est allégorique ?
- Quelle est l’importance de la dernière strophe ?

III - Recherche complémentaire

a) Chercher le titre d’une oeuvre allégorique du XIIIè siècle.
b) Chercher dans Les Fleurs du Mal d’autres poèmes où se rencontrent des allégories ponctuelles, c’est-à-dire des notions abstraites, personnifiées et marquées par une majuscule.
c) Qu’appelle-t-on une prosopopée ?

L’Anaphore

I - Définition

a) Quelle est la signification étymologique du mot "anaphore" ?
b) Chercher et lire la définition du mot dans un dictionnaire de langue. Reformuler par écrit la définition à sa façon.

II - Exercices

a) Lire le poème de Guillaume Apollinaire ci-dessous :

Il y a

Il y a un vaisseau qui a emporté ma bien-aimée
Il y a dans le ciel six saucisses et la nuit venant on dirait des asticots dont naîtraient les étoiles
Il y a un sous-marin ennemi qui en voulait à mon amour
Il y a mille petits sapins brisés par les éclats d’obus autour de moi
Il y a un fantassin qui passe aveuglé par les gaz asphyxiants
Il y a que nous avons tout haché dans les boyaux de Nietzsche de Goethe et de Cologne
Il y a que je languis après une lettre qui tarde
Il y a dans mon porte-cartes plusieurs photos de mon amour
Il y a les prisonniers qui passent la mine inquiète
Il y a une batterie dont les servants s’agitent autour des pièces
Il y a le vaguemestre qui arrive au trot par le chemin de l’Arbre isolé
Il y a dit-on un espion qui rôde par ici invisible comme l’horizon dont il s’est indignement revêtu et avec quoi il se confond
Il y a dressé comme un lys le buste de mon amour
Il y a un capitaine qui attend avec anxiété les communications de la T.S.F. sur l’Atlantique
Il y a à minuit des soldats qui scient des planches pour les cercueils
Il y a des femmes qui demandent du maïs à grands cris devant un Christ sanglant à Mexico
Il y a le Gulf Stream qui est si tiède et si bienfaisant
Il y a un cimetière plein de croix à 5 kilomètres
Il y a des croix partout de-ci de-là
Il y a des figues de Barbarie sur ces cactus en Algérie
Il y a les longues mains souples de mon amour
Il y a un encrier que j’avais fait dans un musée de 15 centimètres et qu’on n’a pas laissé partir
Il y a ma selle exposée à la pluie
Il y a les fleuves qui ne remontent pas leur cours
Il y a l’amour qui m’entraîne avec douceur
Il y avait un prisonnier boche qui portait sa mitrailleuse sur son dos
Il y a des hommes dans le monde qui n’ont jamais été à la guerre
Il y a des Hindous qui regardent avec étonnement les campagnes occidentales
Ils pensent avec mélancolie à ceux dont ils se demandent s’ils les reverront
Car on a poussé très loin durant cette guerre l’art de l’invisibilité

Guillaume Apollinaire, Calligrammes (1918)

b) Commenter l’emploi de l’anaphore dans ce poème. Quelle impression suggère-t-elle ?

III - Travail complémentaire

Composer à votre tour un poème en vers libre dont chaque vers débutera par les mêmes mots.

L’Antiphrase

I - Définition

Chercher la définition de l’antiphrase dans un manuel. La reformuler.

II - Exercices

a) Lire le texte de Louis-Ferdinand Céline

Le colonel, c’était donc un monstre ! A présent, j’en étais assuré, pire qu’un chien, il n’imaginait pas son trépas ! Je conçus en même temps qu’il devait y en avoir beaucoup des comme lui dans notre armée, des braves, et puis tout autant sans doute dans l’armée d’en face. Qui savait combien ? Un, deux, plusieurs millions peut-être en tout ? Dès lors ma frousse devint panique. Avec des êtres semblables, cette imbécilité infernale pouvait continuer indéfiniment... Pourquoi s’arrêteraient-ils ? Jamais je n’avais senti plus implacable la sentence des hommes et des choses.

Serais-je donc le seul lâche sur la terre ? pensais-je. Et avec quel effroi ?... Perdu parmi deux millions de fous héroïques et déchaînés et armés jusqu’aux cheveux ? Avec casques, sans casques, sans chevaux, sur motos, hurlants, en autos, sifflants, tirailleurs, comploteurs, volants, à genoux, creusant, se défilant, caracolant dans les sentiers, pétaradant, enfermés sur la terre, comme dans un cabanon, pour y tout détruire, Allemagne, France et continents, tout ce qui respire, détruire, plus enragés que les chiens, adorant leur rage (ce que les chiens ne font pas), cent mille fois plus enragés que mille chiens et tellement plus vicieux ! Nous étions jolis ! Décidément, je le concevais, je m’étais embarqué dans une croisade apocalyptique.

Louis-Ferdinand Céline Voyage au bout de la nuit (1932)

a) Repérer une antiphrase dans le deuxième paragraphe. Quelle est la tonalité associée à la
formule ? Analyser son effet et rédiger une explication.

III - Travail complémentaire

a) Lire le texte de Montesquieu, extrait de L’Esprit des Lois, "De l’esclavage des nègres". Doit-on le lire au premier ou au second degré ? Peut-on parler d’antiphrase ? Pourquoi ?
b) Imaginer un dialogue dans lequel deux personnages s’invectivent à l’aide d’antiphrases.

L’Antithèse

I - Définition

Chercher la définition de l’antithèse dans un manuel. La reformuler à sa façon.

II -Exercices

a) Lire le texte de Victor Hugo

-La Reine.

- Paix !
(Elle s’éloigne un peu de Casilda et retombe dans sa rêverie.)
Que ne suis-je encor, moi qui crains tous ces grands,
Dans ma bonne Allemagne, avec mes bons parents !
Comme, ma soeur et moi, nous courions dans les herbes !
Et puis des paysans passaient, traînant des gerbes ;
Nous leur parlions. C’était charmant. Hélas ! un soir,
Un homme vint, qui dit - il était tout en noir,
Je tenais par la main ma soeur, douce compagne -
"Madame, vous allez être reine d’Espagne."
Mon père était joyeux et ma mère pleurait.
Ils pleurent tous les deux à présent. - En secret
Je vais faire envoyer cette boîte à mon père,
Il sera bien content. - Vois, tout me désespère.
Mes oiseaux d’Allemagne, ils sont tous morts.

(Casilda fait le signe de tordre le cou à des oiseaux, en regardant de travers la cameriste.)
Et puis
On m’empêche d’avoir des fleurs de mon pays.
Jamais à mon oreille un mot d’amour ne vibre.
Aujourd’hui je suis reine. Autrefois j’étais libre !
Comme tu dis, ce parc est bien triste le soir,
Et les murs sont si hauts qu’ils empêchent de voir.
- Oh ! l’ennui ! (...)

Victor Hugo Ruy Blas, acte II, scène 1, vers 699 à 717

b) Repérer les principales antithèses de cette tirade de la reine d’Espagne. Observer leur construction. Quelles informations donnent-elles sur l’état psychologique présent de la reine et sur ses sentiments ?

III - Travail complémentaire

a) Dans le cadre d’une lecture intégrale de l’oeuvre, observer et analyser les systèmes antithétiques de la pièce :
* dans l’espace spatio-temporel,
* dans le choix des personnages,
* dans la structure interne de la pièce.

b) Voir aussi l’antithèse entre deux textes de La Bruyère, extrait des Caractères : les portraits de Giton et de Phédon dans "Les Biens de fortune" (83). Le texte concernant Giton se trouve à la page suivante.

L’Asyndète

I - Définition

a) Chercher l’origine étymologique du mot "asyndète".
b) Chercher dans le dictionnaire ou dans un manuel les différences entre ces trois notions :

* l’asyndète,
* l’hypotaxe,
* la parataxe.

II - Exercices

a) Repérer les passages paratactiques ou asyndétiques du texte ci-dessous.

Giton a le teint frais, le visage plein et les joues pendantes, l’oeil fixe et assuré, les épaules larges, l’estomac haut, la démarche ferme et délibérée. Il parle avec confiance ; il fait répéter celui qui l’entretient, et il ne goûte que médiocrement tout ce qu’il lui dit. Il déploie un ample mouchoir et se mouche avec grand bruit ; il crache fort loin, et il éternue fort haut. Il dort le jour, il dort la nuit, et profondément ; il ronfle en compagnie. Il occupe à table et à la promenade plus de place qu’un autre. Il tient le milieu en se promenant avec ses égaux ; il s’arrête, et l’on s’arrête ; il continue de marcher, et l’on marche : tous se règlent sur lui. Il interrompt, il redresse ceux qui ont la parole : on ne l’interrompt pas, on l’écoute aussi longtemps qu’il veut parler ; on est de son avis, on croit les nouvelles qu’il débite. S’il s’assied, vous le voyez s’enfoncer dans un fauteuil, croiser les jambes l’une sur l’autre, froncer le sourcil, abaisser son chapeau sur ses yeux pour ne voir personne, ou le relever ensuite, et découvrir son front par fierté et par audace. Il est enjoué, grand rieur, impatient, présomptueux, colère, libertin, politique, mystérieux sur les affaires du temps ; il se croit du talent et de l’esprit. Il est riche.

La Bruyère Les caractères "Des biens de fortune" (83)

b) Quels effets l’asyndète et parfois la parataxe provoquent-elles dans le portrait de Giton ?

III - Recherche complémentaire

Chercher d’autres portraits de La Bruyère construits sur ce même modèle asyndétique.

Le Chiasme

I - Définition

a) Chercher l’origine grecque du mot "chiasme". Quelle est la signification du mot grec ?
b) Chercher dans un manuel ou un dictionnaire la définition du chiasme et noter un exemple.

II - Exercices
a) Repérer un chiasme dans le texte ci-dessous extrait des "Obsèques de la Lionne" de La Fontaine.

La femme du lion mourut ;
Aussitôt chacun accourut
Pour s’acquitter envers le prince
De certains compliments de consolation,
Qui sont surcroît d’affliction.
Il fit avertir sa province
Que les obsèques se feraient
Un tel jour, en tel lieu ; ses prévôts y seraient
Pour régler la cérémonie,
Et pour placer la compagnie.
Jugez si chacun s’y trouva.
Le prince aux cris s’abandonna,
Et tout son antre en résonna :
Les lions n’ont point d’autre temple.
On entendit, à son exemple,
Rugir en leurs patois messieurs les courtisans.

Je définis la cour un pays où les gens,
Tristes, gais, prêts à tout, à tout indifférents,
Sont ce qu’il plaît au prince, ou, s’ils ne peuvent l’être,
Tâchent au moins de le paraître :
Peuple caméléon, peuple singe du maître ;
On dirait qu’un esprit anime mille corps :
C’est bien là que les gens sont de simples ressorts.

La Fontaine Fables (VIII, 14) "Les Obsèques de la Lionne", vers 1 à 23.

b) Quelle est la valeur du chiasme ? Analyser l’emploi des mots dans cette formule. Qu’apporte-t-il à la signification globale du portrait des courtisans ?

III - Travail complémentaire

a) Terminer ces phrases à l’aide d’un chiasme :
- Il se trouvait enfermé entre une lourde porte et ...
- La neige est au Nord ce qu’au ...
- "Le vieillard avait épousé les jeux de l’enfant, et ..." (voir La Peau de chagrin de Balzac)
b) Créer d’autres chiasmes sur les modèles ci-dessus.

La Comparaison

I - Définition

a) Donner une définition personnelle de la comparaison.
b) En quoi est-elle différente de la métaphore ?

II - Exercices

a) Entourer les comparaisons dans le texte ci-dessous :

C’était une singulière figure que celle du marchand : un crâne immense, poli comme un genou, entouré d’une maigre auréole de cheveux blancs que faisait ressortir plus vivement le ton saumon clair de la peau, lui donnait un faux air de bonhomie patriarcale, corrigée, du reste, par le scintillement de deux petits yeux jaunes qui tremblotaient dans leur orbite comme deux louis d’or sur du vif-argent. La courbure du nez avait une silhouette aquiline qui rappelait le type oriental ou juif. ses mains, maigres, fluettes, veinées, pleines de nerf en saillie comme les cordes d’un manche à violon, onglées de griffes semblables à celles qui terminent les ailes membraneuses des chauves-souris, avaient un mouvement d’oscillation sénile, inquiétant à voir ; mais ces mains agitées de tics fiévreux devenaient plus fermes que des tenailles d’acier ou des pinces de homard dès qu’elles soulevaient quelque objet précieux, une coupe d’onyx, un verre de Venise ou un plateau de cristal de Bohême ; ce vieux drôle avait un air si profondément rabbinique et cabalistique qu’on l’eût brûlé sur la mine, il y a trois siècles.

Théophile Gautier, Le Pied de momie

b) Quel effet produisent ces comparaisons dans le portrait que le narrateur dessine du marchand de bric-à-brac ?

III - Travail complémentaire

a) Comparer ce portrait avec celui du vieillard, marchand d’antiquités, qui se trouve dans la première partie "Le Talisman" de La Peau de chagrin de Balzac. Y rencontre-t-on des comparaisons ? Lesquelles ? Ont-elles le même effet ? Pourquoi ?
b) Composer le portrait d’une personne à déterminer : camarade de classe, comédien, chanteur, ... à l’aide de comparaisons qui apporteront une tonalité particulière (mystère, humour, ...).

L’Euphémisme

I) Définition

1) Chercher la signification du mot grec "euphêmismos".
2) Quelle définition peut-on donner au mot français ?

II) Exercices

1) Repérer dans ce texte un euphémisme célèbre.

Pleurez, doux alcyons, ô vous, oiseaux sacrés,
Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez.
Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine.
Un vaisseau la portait aux bords de Camarine.
Là l’hymen, les chansons, les flûtes, lentement
Devaient la reconduire au seuil de son amant.
Une clef vigilante a pour cette journée
Dans le cèdre enfermé sa robe d’hyménée
Et l’or dont au festin ses bras seraient parés
Et pour ses blonds cheveux les parfums préparés.

André Chénier Les Bucoliques

2) Quel effet cet euphémisme produit-il dans l’évocation de cette jeune fille ?

III) Recherche complémentaire

1) Chercher d’autres formules employées habituellement pour exprimer l’idée qu’une personne est décédée.
2) Chercher d’autres exemples d’euphémismes employés dans la vie courante, dans la littérature.

La Gradation

I) Définition

1) Qu’appelle-t-on une gradation dans le langage littéraire ?
2) Quel est le sens qu’un dictionnaire de langue en donne ?

II) Exercices

1) Relever dans ce texte fort connu de Voltaire les diverses gradations.

Rien n’était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu’il n’y en eut jamais en enfer. Les canons renversèrent d’abord à peu près six mille hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d’hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes. Candide qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu’il put pendant cette boucherie héroïque

Voltaire Candide, chapitre III.

2) Lesquels des cinq sens ces gradations mettent-elles en éveil ? Que révèlent-elles de la psychologie de Candide ? De quel autre procédé sont-elles ici inséparables ? Quels effets provoquent-elles sur le lecteur ?

III) Recherche complémentaire

1) Comment le procédé de la gradation est-il rendu au cinéma ? Donner des exemples précis.
2) Comparer ce terme avec celui de "graduation". Les définitions sont-elles identiques ?
3) Rédiger le portrait caricatural d’une personne, dans lequel la satire sera rendue par des gradations .